Éditions : MxM Bookmark
Résumé : « L'un est mon enfer... »
À la mort de sa mère, Rafael se retrouve seul dans les rues de Boston, cette ville qui l'a vu grandir. Une nuit, dans une impasse sans lumière, il rencontre Charles et, avec lui, le monde obscur de la prostitution. Dix ans plus tard, les trottoirs qu'il arpente ont l'éclat des beaux quartiers. Chaque dollar qu'il empoche porte quelques gouttes de son sang, quelques-unes de ces larmes qu'il ne verse jamais. Pourtant, tous les dimanches sans exception, il revient quand même vers Charles.
Un jour de hasard, il croise Caleb, un petit génie de l'aéronautique, élève surdoué du MIT. Rafael plonge alors dans un regard gris qui lui murmure quelques vérités. Petit à petit, un pas après l'autre, d'une lueur vacillante aux lendemains incertains, Rafael se laisse approcher, se laisse émouvoir. Malgré ces portes qui se ferment sur lui, ces chambres où il se perd, il laisse Caleb lui murmurer une autre façon d'aimer.
« ... l'autre est mon espoir. »
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"FAIRE LE GRAND SAUT"
J'ai plongé avec ce roman au cœur des Abysses.
Ce livre est... TERRIBLE. D'aucuns diraient à ne pas mettre entre toutes les mains, mais je vous dis : FONCEZ ! Lisez-le, faites-le lire. Faites-le faire lire ! On devrait le publier dans plusieurs langues, dans plusieurs formats, sur plusieurs supports, en audio !
Lily Haime a l'art de raconter la souffrance. De la sublimer presque, parce qu'elle sait la mettre en abyme avec l'amour. L'amour pur. Le parfait, le puissant... Le divin. Et même si on souffre terriblement en la lisant, on apprécie parce que la cruauté de ce qu'elle dépeint – qui n'est que le sordide reflet de ce monde –, ne gagne pas à la fin.
On ne sort pas indemne de la lecture de ce roman, comme ses personnages. Et comme ses personnages, on perd une partie de soi, en lisant ABYSSES. On finit un peu « cabossé du cœur ». Mais ce qu'on gagne en retour est si grand, si bouleversant, qu'on ne lui en veut pas, à cet auteur sadique, de nous avoir fait saigner. De nous avoir fait pleurer, de nous avoir ébranlés, émus, fait rire, fait hurler, fait désespérer, fait crier, fait maudire mille et une divinités.
ABYSSES, c'est quoi ? Je ne peux malheureusement pas vous dire ce que c'est sans vous dire ce que ça n'est PAS !
Ce n'est pas une descente dans les profondeurs obscures, où ne filtre aucun rayon de lumière. C'est la remontée d'un homme – Rafael – vers la lumière du jour.
Abysses, ce n'est pas l'apologie de la souffrance d'un enfant ayant perdu sa liberté par crainte de finir seul. C'est le récit d'un adolescent ayant vendu sa vie durant 10 ans par amour.
Abysses, ce n'est pas la chronique de la misérable vie d'un prostitué entre les mains d'un sadique. C'est la libération d'un homme qui a su garder la seule chose qui faisait de lui un homme. Son humanité.
Le personnage de Rafael nous prouve que ce n'est pas la dignité qui fait de vous un être humain. Charles était un homme « digne » aux yeux de la société bostonienne, mais il n'avait rien d'humain. Bien qu'il ait tout « perdu », brisé, endommagé, détruit, Rafael a su garder en lui cette chose qui nous fait espérer tout au long du livre. Son humanité. À un moment donné, je me suis dit qu'il abandonnerait. Et je l'aurais compris. Je ne lui en aurais pas voulu. Moi, je pense que j'aurais abandonné.
Mais justement, abandonner, c'est perdre. Et Abysses, ce n'est PAS l'histoire d'une défaite. C'est celle d'une victoire. Du plus beau des triomphes. Celui d'un amour si fort que toute la noirceur du roman, de la réalité sordide dans laquelle évoluent les personnages, n'aura jamais su entacher.
Oui, Abysses traite de prostitution. Abysses parle de viol. Abysses banalise la violence dans la bouche de Rafael. Abysses fait de la manipulation, des abus physiques et psychologiques, de l'humiliation, du chantage, de la cruauté et de la perversité, la routine, le quotidien et la normalité d'un homme. Mais Abysses est surtout une ode à l'amour. Celle qui rend aveugle, mais reste inébranlable. Celle qui sauve, qui absout.
Abysses parle de la croyance en Dieu, de l'alcoolisme pour oublier, des cris d'une mère et de ses chaleureux petits plats, des larmes d'un frère et de la force, de la beauté de l'amitié, du chantage d'un proxénète et du combat quotidien d'un prostitué, du sourire d'une bibliothécaire, des études universitaires et d'un homme qui n'a pas de diplômes.
Abysses nous raconte la vie. Celle vécue autour de soi, sans doute la nôtre, celle de son prochain, celle des autres, celle des siens.
La vie de Rafael est décortiquée jusque dans ses aspects les plus sombres. Ça été dur de lire toutes ses souffrances. Et sans la présence de Caleb, j'aurais crié à la gratuité du sadisme de l'auteur. Puis je me suis souvenu que ce n'était pas forcément un roman utopique que j'avais entre les mains. C'était sans doute l'histoire vraie de quelqu'un. De beaucoup d'autres. Une histoire romancée, certes, et peut-être édulcoré, parce que la réalité « sait » être pire.
J'ai parfois été tenté d'en vouloir à Rafael. Et je me suis rendu compte que je me trompais de cible. Me trompais de combat.
Sans la présence de Soli, d'Ama, d'Abou, de Mac, il aurait été difficile de nous faire croire en une fin meilleure. Alors le terme de personnages « secondaires » ne leur sied pas.
Mais le plus indispensable de tous aura été Caleb. Bien que notre capacité à espérer est rudoyée – violemment –, grâce à lui on continue de lire parce qu'on veut que son amour gagne. Cet amour se DEVAIT de gagner ! (Pour ma part, j'ai promis de sévères anathèmes silencieux à l'auteur si ça ne finissait pas « bien ». Non, je n'ai pas honte de le dire !)
En ces temps troubles, je crois qu'on a tous besoin de happy end. Et pour en avoir fait un, à une histoire qui dans la réalité ne se finit pas toujours « bien », je dis merci à l'auteur. Merci d'avoir eu les tripes d'écrire cette histoire. De nous la relater sans fioriture, sans faire cas du politiquement correct. Merci d'en avoir tout simplement fait une belle œuvre.
Les personnages de Lily Haime ne sont pas des être d'encre et de papier.
Ce sont des personnes à part entière.