top of page
AUTRES LECTURES

La Trilogie du Prince Berserk : I - L’approche (Claude Neix)



Editions : CreateSpace Independent Publishing Platform


Résumé :

Quand le jeune Ishayu est envoyé par le conseiller du Magnus d'Ishmaar à la cour du roi Berserk, il est loin de soupçonner que son rôle d'écuyer va tourner court puisqu'il se retrouve valet (et souffre-douleur !) du prince Ophrys ! Luttes de pouvoir, querelles familiales, sorcellerie... Ishayu va découvrir un monde étrange, à la fois fascinant et effrayant : celui des Berserks, une race guerrière dont le prince héritier, Ophrys Akila, n'est autre que le descendant direct du héros légendaire Ronce de Mohan, la Némésis des légions humaines d'Ishmaar. Le bel Ophrys va prendre un malin plaisir, au nom des souffrances endurées par ses ancêtres, à transformer la vie du jeune humain en enfer et un jeu du chat et de la souris va commencer entre les deux garçons. Qui, du Berserk ou de l'humain, apprivoisera l'autre ?

______________________

Dans la catégorie

« MOTEUR DIESEL LENT »

 

Ce bouquin a mis du temps – beaucoup trop – à m’embarquer. J’ai commencé à vivre l’histoire au bout de 60% de lecture, ce qui est déjà 35% trop tard. Alors je suis mitigée, puisque j’ai vraiment apprécié les 2/5ème restants de ce livre.


LA FORME

Claude Neix a un style signature. Le genre que l’on reconnait entre mille, si je puis me permettre. Techniquement, je n’ai lu que 3 œuvres éditées de cet auteur (les autres figurent encore dans ma PAL). Mais à chaque fois, j’ai la certitude de lire du Claude Neix !


Elle a une plume authentique, plaisante à lire. Le genre qui vous fait oublier les quelques fautes clairsemées dans le texte. Mais paradoxalement, son « Top level » explique aussi que je me montre un poil « intransigeante ». J’ai déploré de voir certaines coquilles, parce que j’aurais tellement apprécié que ce texte soit irréprochable !


La finesse de sa narration ne mérite pas d’être ternie – même si ce n’est que d’un chouïa – par ces petites scories. Au final, je me suis dit que l’auteur n’avait pas à souffrir de mes récriminations. Je devrais en fait adresser mes réclamations à la maison d’édition… (Pour info, le livre a été réédité depuis.)


C’est à son lyrisme si agréable à l’oreille que je dois d’avoir tenu durant 60% de lecture, suspendue entre l’ennui et l’intérêt. Son arsenal stylistique a compensé ce que j’ai considéré, de mon point de vue, comme des faiblesses scénaristiques. Toutefois, si je devais émettre un reproche sur la forme… j’en ferais 2, sur les dialogues.


Premièrement :

Pour ce tome « d’introduction », j’aurais parfois aimé plus de narration et un peu moins de dialogues.


À certains moments, pour poser le contexte, j’aurais préféré avoir le point de vue interne du personnage-narrateur. Notamment sur tous ces liens de parenté et de demi-parenté qu’ont les personnages constituant son entourage. Des paragraphes « explicatifs » dans le récit, plutôt que des données balancées de manière presque lapidaire dans les dialogues, à la manière de « conversations RPG ». Découvrir ces révélations au détour d’un dialogue m’a parfois plus larguée qu’autre chose, alors que j’aurais mieux saisi si cela avait été « narré ».


Je me suis retrouvée avec cette frustration que l’on ressent face au manque. Manque d’explications, manque de détails que le personnage-narrateur avait pourtant la possibilité de nous révéler, sans nous spoiler l’intrigue.


Même s’il est dit qu’il ne faut pas avoir lu les autres œuvres des Chroniques d’Ishmaar pour comprendre cette saga, j’ai tout de même eu le sentiment d’avoir raté un épisode. Et je pense que la narration aurait pu compresser cela, si les dialogues n’avaient pas bouffé le plus gros du bouquin. J’ai trouvé qu’il y avait une sorte de déséquilibre.


Deuxièmement :

Il m’a manqué un peu d'incises et de didascalies (des indications sur les intonations et les expressions des protagonistes au cours de leurs longues conversations).


Excepté quelques personnages (Epine, Ishayu, Bount, Douce), j’avais la vague impression que tous les autres s’exprimaient de la même façon. De l’esclave au précepteur, en passant par le Grand commandeur, la mère ou la belle-mère du roi berserk, les petits-fils, l'oncle, etc… Ils formulaient leur propos de manière quasi-similaire. La musicalité était la même.


Si je lisais sans « personnifier » des voix différentes dans ma tête, j’aurais eu du mal à savoir qui est qui. Bien évidemment, ça n’est pas une gêne pour comprendre les dialogues. Mais on aurait presque pu leur prêter la même voix. Ce qui m’a souvent donné l’impression de restreindre leur personnalité à un modèle identique.


Tout cela a contribué au fait que je n’entre pas tout de suite dans l’intrigue. Parlons d’elle, justement.

*


LE FOND

J’adore les intrigues politiques de high fantasy. Et ce premier tome en est déjà gorgé. Alors j'aurais dû adorer ce bouquin. Hélas, il n'écope que d'un timoré "m’ouais, j'aime bien". Je suis du genre à faire des déclarations d'amour enflammées aux livres qui m'ont transportée. Celui-ci n'y parvient malheureusement pas.


Ceci dit, j’ai été plus que ravie des intrigues tortueuses et des nœuds de la trame. Le simple fait de savoir que ce monde était régi par des trahisons, de la méfiance, des complots, des vices et des travers, a suffi à me donner la patience de supporter la langueur dans laquelle m’a plongée Ishayu durant 60% du roman. (C’est qu’elle insiste ! et merci à l’application kindle)


Je n’ai pas été déçue par la trame. Bien au contraire, elle m’a donné envie d’y revenir. Et c’est sans doute aucun que je poursuivrai la lecture de cette saga. Ma curiosité est passée aux commandes et je veux savoir ce qu’il adviendra de tout ce beau monde, et particulièrement du prince berserk.


Malgré son titre, j’ai trouvé original de ne pas raconter l’histoire de la bouche de ce dernier, mais de son écuyer. Je m’attendais presque à un double point de vue, mais seul Ishayu nous a narré les faits.


En gros, ce n’est pas l’intrigue qui pèche. Ce sont les personnages principaux qui m’ont exaspéré durant une bonne moitié du livre. Et si le prince a des circonstances atténuantes en exaspération, c’est au personnage d’Ishayu que l’on doit mon « presqu’ennui ».


J’ai mis du temps, non pas à « sympathiser » avec lui, mais à éprouver de l’empathie pour lui. Je le trouvais presque niais. Sans doute que son jeune âge (17 ans) justifiait cela. Mais au début, j’ai sacrément eu du mal avec cet ado qui pensait 70% de son temps avec son phallus !


J’ai fini par me demander si toutes ces allusions sexuelles étaient une façon d’accrocher le lecteur (la lectrice, je suppute). Personnellement, je n’avais pas besoin que le personnage sexualise mentalement la quasi-totalité de ses rapports avec les autres « jeunes » du roman, pour le trouver « intéressant ». Il aurait tellement pu l’être d’une autre manière.


Oui, il fallait du temps pour qu’il apprécie autre chose que le physique avenant des mecs de son entourage. Oui, son passé (récent) de mignon expliquait probablement qu’il n’ait que ce mode de pensée au départ. Mais pour moi, ça a bouffé une bonne partie de sa personnalité, qui était pourtant loin d’être insipide.


Si je dois donner un exemple parmi tant d'autres : sa manière de décrire les personnages féminins qu’il rencontrait pour la première fois. Elle se résumait à la couleur des cheveux et à la taille du bonnet. Que ce soit des vieilles, des moins vieilles ou des plus jeunes, des nobles ou des esclaves, on avait sans faute leur couleur capillaire secondée de la platitude ou de l’opulence de leur poitrine. Point. Être gay justifie-t-il la pauvreté des descriptions des femmes ?


Bref, toutes ces petites « choses » m’ont rendue tatillonne et un peu dure avec Ishayu, je dois le reconnaitre. Il a donc fallu que je rame pour rattraper la vague. Mais une fois celle-ci atteinte, j’ai surfé dessus et j’ai kiffé. La délectation est venue avec du temps, puis elle n’a plus été que crescendo, au point de me laisser dégoutée parce que ça s’est fini trop vite. Je commençais à peine à vivre la chose à fond, qu’il fallait y mettre un terme.


40% de kiffage, c’est pas assez !


J’ai aimé :

L’humour presque omniprésent dans ce livre, même lors de scènes tragiques sans que ça n'en desserve le côté dramatique.

Le mystère bien distillé autour de la famille semi-berserk Akila.

La manière dont le prince Ophrys a lentement, mais insidieusement ravi mon cœur. Comme Ishayu, je me suis laissé prendre au piège de ce personnage à la densité insoupçonnée.

Le personnage Epine a juste été un coup de cœur !!

Les prénoms des personnages inspirés de gemmes ou de plantes.


J’ai moins aimé :

Le "soupçon" de relation incestueuse décrit entre ces pages.

Au-delà du fait que je ne supporte pas ce thème, j’ai eu du mal à trouver son utilité ici. Je ne condamne pas l’inceste lorsqu’il est censé nourrir l’intrigue. On connait tous (ou presque) les Lannister. Dieu sait qu’ils m’écœurent, et pourtant l’inceste de ces faux-jumeaux a pimenté leur point de vue dans les romans de George Martin. Je supporte très bien l’ignominie ou l’horreur, lorsqu’elle est amenée de manière « utile ».

Mais dans ce bouquin, ça m’aurait presque laissée de marbre si ça ne m’avait pas arraché une grimace. Il y avait tellement de façons de susciter la jalousie, de stimuler la possessivité dans ce tome. Pourquoi l’inceste ? (Ma crainte est que l'insinuation ou la description du passage à l'acte dans les prochains tomes me coupe toute envie de poursuivre l'aventure, si ça ne m'est pas vendu de façon à ce que je "l'achète".)


Et enfin pour le principe de chipoter : (^_^) La couverture du livre représente un homme à la capillarité corbeau. Aucun des personnages principaux n’est brun. Alors qui est-ce, sur la jaquette, hm ?


BILAN

Il s’en est fallu d’un cheveu pour que j’abdique. Mais j’aurais regretté d’avoir abandonné ma lecture. Peut-être qu’une duologie aurait moins desservi l’œuvre à mes yeux, au lieu d’une trilogie… Le premier tome n’aurait pas dû se finir aussi « tôt », pour espérer effacer la frustration ressentie durant plus de la moitié de ma lecture.

bottom of page