Éditions : MxM Bookmark
Résumé :
Né dans la cité ensoleillée de Tès où la fortune sourit à ceux qui ont l'audace de défier leur destin, Aspel menait une vie paisible au sein d'une famille heureuse. Seulement, le bonheur a un prix dans le royaume du Sud et Aspel en fait la rude expérience à la mort de son père, lorsque leurs créanciers menacent de livrer sa famille à la misère et à la mendicité.
Pour sauver sa mère et ses frères de la ruine, il vend sa vie à une guilde d'esclavagistes, conscient pourtant du sort funeste qui l'attend. Mais sans autre choix possible, il renonce à sa liberté et est emporté loin de sa ville natale, en direction des mines de fer où l'on meurt d'épuisement. Les routes dangereuses qui y conduisent l'amènent aux portes du Désert Nébether, que l'on dit peuplé de sorciers et de mauvais esprits. Des périls l'y attendent et l'ombre de la mort plane au-dessus de sa tête, aussi fatale que le soleil accablant sur les étendues arides.
Cependant il advient parfois que le sort récompense favorablement ceux qui s'en remettent à lui, et il sourit à Aspel sous la forme envoûtante d'un guerrier du désert.
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Dans la catégorie :
« CE LIVRE EST UNE MERVEILLE ! »
J'ai trouvé ce livre trop court. Mais étrangement, je ne voulais pas qu'il soit plus long. Cette œuvre est conte et roman. Distrayant et tout aussi édifiant tant la force émotionnelle et philosophique qu'elle véhicule est puissante. Ouais, on l'a compris, ce livre est clairement un coup de cœur !
C'est pompeux de se positionner en "juge", en critique d'un roman, mais ça fait partie des règles du jeu. Le lecteur juge, critique. Positivement, négativement, de façon mitigé. Dès lors qu'un auteur publie, ne pas espérer la critique est hérésie. Je n'ai pas la prétention de faire une pige, mais je vous partage ce que ce livre m'a inspiré. Et en général, je suis aussi regardante sur la forme, que le fond.
LA FORME
La plume de Victoriane Vadi est celle d'une barde. D'une conteuse ! D'une druidesse !
Le mot, tel un sort magique, est employé pour véhiculer l'émotion juste. C'est musical, chantant. J'ai parfois crains de tomber dans la « longueur », mais c'était une crainte presque jouissive, tant l'équilibre est parfaitement maitrisé, presque volontairement ténu, entre les fioritures de style et la pertinence du propos.
Sa verve est rythmique et donne à sa narration la sobriété d'une belle composition. Quand on écoute la Lettre à Élise de Beethoven, on est autant frappé par la « simplicité » de sa mélodie que par l'implacable certitude d'être en face d'un chef d'œuvre. Eh bien, c'est quasiment ce genre de sentiment que j'ai eu en tournant la dernière page de Sortie des Sables.
Victoriane Vadi n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour sublimer son univers. Mais par la même occasion, elle vous fait comprendre que l'exercice lui est facile. Qu'elle sait habiller son texte d'atours flamboyants quand il le faut. J'ai presque envie de dire qu'elle a tout pour elle.
Sa poésie : Si j'ai particulièrement été frappée par la richesse de sa rime, c'est surtout par la subtile profondeur de ses vers qu'elle m'a touchée.
En ce qui concerne sa prose, elle a un phrasé juste, que j'ai trouvé parfaitement adapté à cette fiction haute en couleurs, solaire, chaude, aux relents d'orientalisme. Dieu sait que j'ai un faible pour ce genre d'histoire, mais elle m'a juste chopée par la nuque dès le premier chapitre, et n'a plus voulu me lâcher jusqu'à la dernière ligne.
La beauté des descriptions, la vivacité de ses tournures de phrases, le choix de ses épithètes... Je pourrais être dithyrambique sur sa narration, mais je crois que je vais juste vous dire de LIRE ce livre. Donc lisez, les gens, lisez !
Parce qu'il serait regrettable de passer à côté d'une œuvre aussi magnifique. Je suis du genre à chercher la petite bête, mais cet auteur me réconcilie avec la langue française. Elle me dit qu'il n'y a pas besoin de gorger son texte « d'attrape-fujoshi », d'images « alléchantes » coquines, de « clichés sexuels efficaces », pour fidéliser le lecteur. Il suffit juste que le verbe soit beau et parfaitement au service de l'intrigue.
LE FOND
L'intrigue est "wow" !
Ce M/M relègue la romance en arrière fond. Bien sûr, je l'attendais avec impatience, et me languissais des scènes smexy. Mais sincèrement, j'aurais pu faire sans, tant le scénario est super bien ficelé. Saucissonné à merveille !
On s'embarque dans cet univers savamment étoffé avec le même délice que face à un conte des mille et une nuits. Là où Sortie des Sables s'est montré encore plus impitoyable avec la fan de fantasy que je suis, c'est d'avoir su jouer d'un atout imparable.
Un grand auteur (J.R.R. Tolkien) a rapporté : "Always remember, it's simply not an adventure worth telling if there aren't any dragons." (Rappelez-vous toujours, une aventure ne mérite tout simplement pas d'être racontée, s'il n'y figure aucun dragon.)
Certes, on peut juger cette citation restrictive. Mais elle ne pouvait pas être mieux adaptée à Sortie des Sables. J'ai failli vendre mon âme de lectrice à Vadi pour son audace d'avoir fait côtoyer djinns et dragons. Ce polymorphisme scénaristique était bien inspiré. Et je suis ravie de voir que des M/M frenchy osent enfin explorer ce genre d'univers sans complexe. Sans restriction. Sans avoir pour objectif premier d'assouvir la soif de la fan de yaoi/de la buveuse d'homoromance.
Tout doucement, on est porté par le lyrisme de l'histoire. Et avant qu'on ne s'en rende compte, ce n'est plus la plume subtile de l'auteur qui nous emporte, mais les dunes du désert, les ruines d'anciennes civilisations, la magie des nomades, le mystère des djinns et des sphinges.
Jamais la chaleur accablante du soleil ne m'a paru aussi belle. Il y avait deux lunes dans le ciel, et je n'en ai pas été surprise car tout ce qui m'intéressait était le secret de ses constellations.
Je pensais trouver des abysses dans l'océan, mais je les ai vues dans l'immensité du ciel.
J'ai trouvé le désert, ce paysage désolé, aride et hostile, beau, troublant et fascinant. Et c'est insensé de le dire, mais carrément magique !
Les noms étaient à coucher dehors, et je n'en ai savouré que plus l'exotisme.
J'ai été prise au piège des sables de Nébether. Et j'ai refusé de Sortir de ses Sables quand j'ai découvert la véritable mission des Gardiens. Le climax, le point culminant de l'intrigue, m'a juste décoiffée.
L'histoire se finit sur cette note sublime qu'on redoute.
Parce qu'on ne peut s'empêcher de se dire que cet univers n'a pas livré tous ses secrets, toute sa magie.
Parce qu'on veut savoir son devenir, son évolution.
Parce que pour nous, ça sent la fin. Juste celle du livre.
Parce qu'on sait qu'Aspel et Ménât, eux, n'en sont encore qu'aux débuts de leurs aventures. De fait, c'est à la fin du roman que leur relation maître/apprenti est sur le déclin. Si vous attendiez la grande romance, ce n'est point le propos du récit.
Et pourtant, le mot « fin » à la dernière page sonne tellement juste, qu'on ne le délogerait pour rien au monde.
« Nébether assoupie dans la chaleur du sable
Tu levais tes yeux purs vers les astres éternels
Dans ton sombre tombeau sous ton front vénérable
Une dernière larme coule-t-elle de ta prunelle ?
Éblouissante gemme dans le feu du soir
De mystiques secrets éclairaient tes facettes
Les ténèbres aujourd'hui résonnent de ton savoir
Comme le murmure doux d'un très ancien squelette. »