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AUTRES LECTURES

Serments Obscurs (Venusia A.)


Autoédition


Résumé :

Un soir d'orage alors qu'il rentre dans son Montana natal après huit mois d'absence, Russel Sanders croise la route d'un homme grièvement blessé. Le mystère qui entoure cet inconnu aux yeux étranges est aussi inquiétant que l'attraction qu'il éprouve pour lui. Malgré lui, Russ sera entraîné par des événements inexpliqués qui le feront basculer dans un univers dont il ignore tout, un monde peuplé d'êtres qui changeront son existence à jamais.


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Dans la catégorie :

« DE BELLES PROMESSER »

 

LA FORME


Commençons par ce qui fâche un peu.


Serments obscurs m'a forcé à me pincer les lèvres à plusieurs reprises. J'ai aimé le livre, j'ai vu les efforts ayant permis son « aboutissement », j'ai vu toute la volonté de l'auteur à nous offrir une œuvre « visuellement » respectable, j'ai vu tout l'amour et toute la passion derrière le travail de l'auteur et des bêtas-lecteurs. Et je respecte sincèrement cela. Parce que je ne me suis pas sentie « flouée » sur la marchandise. Clairement, ce n'était pas du « foutage de gueule ». En tant que lectrice, je me suis sentie « respectée », mais en tant que « cliente »... Hélas, oui il y a ce fichu « hélas », j'ai aussi vu les limites de l'autoédition. Du moins, dans la version e-book que j'ai achetée.


Je ne suis pas en train de faire la critique de l'autoédition, ni l'encensement indirect d'une maison d'édition. Mais avec ce livre, j'ai tout de même pris conscience que la ME présentera des avantages que l'autoédition n'aura pas. Et je me suis dit : mince ! Parce que merde quoi, Serments obscures est un délice, et il serait un plat gastronomique si fin, si savoureux, si seulement il avait pu bénéficier des avantages du travail d'une ME sérieuse.


C'est le genre de livre que l'on conseillerait non seulement aux copines, mais avant tout à toutes les ME, parce que - merde ! - il a le droit de figurer dans la collection d'une ME officielle digne de ce nom. Il y a toute sa place. Il ne la démérite pas. Pas par copinage ou quoi que ce soit d'autre, mais parce que le fond, c'est du solide. Presque en béton armée.


Avec un travail de correction « professionnelle », les couacs que mise en page auraient été évités. Ce sont des « fautes » disons techniques. Je n'ai pas la prétention d'être une correctrice, mais en tant que lectrice, ce n'est pas plaisant de voir sa frénésie brimée par la forme, alors que l'intrigue est sur le point de vous happer.


Un peu trop à mon goût, durant la première moitié de ma lecture, j'ai été éjectée hors du scénario parce que ça me sautait trop aux yeux. C'est comme de suivre un film intéressant au ciné et d'entendre à plusieurs reprises la sonnerie du portable de son voisin. Avouez que c'est frustrant !


Je parle aussi de la différence palpable entre le début du roman et le milieu. J'ai vu la plume de l'auteur évoluer. Gagner en maturité au cours de ma lecture. Se bonifier. Et c'était un peu dérangeant de constater cette différence d'homogénéité dans un bouquin.


J'aurais tout à fait compris cette évolution d'un bouquin à un autre, ou sur un site de diffusion en ligne comme wattpad. Mais dans la même œuvre c'est un peu perturbant. C'est comme de croquer dans une part de gâteau qui vous laisse dubitatif au début parce qu'il n'est pas sucré, pour constater que ses dernières portions sont délicieuses. Du coup on est « gustativement » mitigé.


Je ne dis pas que ce n'est pas normal. Ma pensée est que le but de la re-correction est aussi de gommer cette évolution inéluctable d'un auteur dans une œuvre fini. Un auteur qui n'évolue pas, c'est clair qu'il a un souci. Mais on n'est pas vraiment censé voir cette « croissance narrative » entre le début et la fin d'un même roman.


J'ai eu l'impression de voir le « temps écoulé » au cours de la rédaction. Comme si au début de la confection du plat, j'avais affaire à un commis de cuisine, pour me retrouver avec un Chef étoilé au milieu. Dans l'assiette, c'est un peu déstabilisant...


Je ne vais pas m'attarder sur ces "fautes" et toutes celles qui ont échappé à la bêta-lecture. Je sais à quel point c'est un fléau. Malheureusement, cela a mis en lumière le fait que ce livre avait besoin d'une relecture plus poussée.


*


LE FOND


HEUREUSEMENT, pour ce qui est du fond, eh bien l'auteur a réussi à apaiser ma frustration.


Il s'en est fallu de peu pour que je « m'énerve » vraiment. Parce que je ne lis pas les livres qui me plaisent, je les vis. Et ce bouquin, ouais, je l'ai vécu. À DONF !! Au point de sacrifier des heures de sommeil.


J'avoue avoir eu peur de tomber dans la facilité scénaristique au début. Parce que les scènes me donnaient l'impression d'être un peu télégraphiées. On « s'y attendrait » presque, tant c'était typique d'une bit-lit. Puis, alors que je craignais de tomber dans le cliché, l'auteur a sorti son génie de son chapeau. LITTÉRALEMENT !!


Elle m'a complètement bluffée. Et la magie s'est opérée, j'ai trouvé en moi la force d'oublier les imperfections « techniques ». Je me suis surprise à jouer les voyeuses. J'ai voulu savoir tout ce qui pouvait bien se passer dans la vie de TOUS ses personnages, sans exception, et j'ai été frustrée de ne lire l'histoire que du point de vue de son personnage Russ. (Excepté le bonus de fin). Parce que tous ses personnages valaient le coup d'œil. Ils ont TELLEMENT à offrir.


Et je crois qu'inconsciemment, c'est cela qui m'a touchée. Je ne saurais l'expliquer mais j'ai senti toute la générosité de la plume de l'auteur. Comme si elle ne se contentait pas de se faire « son kiffe » en pondant cette histoire, mais qu'elle prenait un réel plaisir à la partager. Je suppute que c'est le cas de nombreux auteurs, mais ce n'est pas souvent que je ressens au cours de ma lecture cette forte envie de « donner le meilleur ». Enfin, personnellement.


Lire cette histoire était comme de recevoir un présent. J'ai des bouquins-antidépresseurs, des bouquins-aspirines, des bouquin-shoot-d'adrénaline, des bouquins-road-trip-émotionnel/neuronal, des bouquins-kleenex, et bien celui-ci est un bouquin-cadeau.


Il y a des auteurs qui divertissent, qui veulent faire rire, qui veulent fracasser les émotions du lecteur, qui veulent les toucher, ou les secouer, et il y a ceux qui veulent simplement « offrir » quelque chose de bien. Et c'est le sentiment que m'a laissé VenusiaAngelite. Qu'elle voulait juste me faire plaisir, sans prétention.


L'intrigue est intelligemment ficelée. On se doute des choses en se disant que c'est flagrant, mais on se retrouve plutôt mené en bateau par l'auteur qui nous prouve qu'elle sait se jouer de notre esprit critique.


Le personnage de Russel, un peu « sauvage » au début, nous entraine dans le monde totalement inconnu d'Aodh qu'il devra dompter en gagnant en maturité. Parce qu'Aodh n'est pas qu'un personnage. À lui tout seul il représente un univers que l'on explore, que l'on cherche à comprendre, à apprivoiser en étant de tout cœur avec Russ. On les suit volontiers dans leurs conneries mutuelles.


Mais pour moi, le mérite revient au personnage de Shân. Il a farouchement disputé la place du coup de cœur avec Russ, et je suis incapable de dire qui l'emporte. L'équilibre ténu que l'auteur a su tisser entre lui et les protagonistes principaux a rendu ce roman particulièrement... je ne dirais pas original, mais intelligent. Oui, j'insiste.


Shân est un personnage que j'ai tout de suite aimé. L'ambigüité qu'il faisait planer sur la relation de nos protagonistes s'est révélée au final une force. Avec lui, la palette d'émotions déjà haute en couleurs qu'inspire Serments obscurs a largement gagné en contraste, en relief, en densité.


S'il y a eu des faiblesses dans le scénario? Bien sûr ! Mais c'est absolument rien de méchant comparé à toute l'œuvre en soi. Après tout, ne trouve-t-on point des imperfections dans les pierres précieuses ? Et ce roman est un bijou qui mériterait vraiment – mais vraiment ! – un écrin digne de ce nom.


On finit ce livre avec l'envie d'en savoir plus ; de n'en avoir pas eu assez, et pourtant il est complet. Mais s'il nous donne tout simplement envie d'y revenir, c'est parce qu'on est convaincu que les personnages ont encore tant à nous révéler.


J'ai bon espoir qu'il y ait un spin off ou une suite. Parce que Venusia a un « vivier » qui n'attend que d'être brillamment exploité.


Alors je lance un appel aux ME. PLEASE ! Éditez-le, bon sang ! Il le mérite.



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