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AUTRES LECTURES

Entre ses griffes II – La Nature des Secrets (Aurore Doignies)




Édition : MxM BOOKMARK

Résumé :

Trois ans après avoir été liés par le destin, Cameron Gilroy, agent de terrain du FBI, et Kyren Lakelan, professeur d’éthologie, filent toujours ce qui semble être le parfait amour. Après deux ans de mariage, personne ne se doute du secret que dissimule Kyren. Mais lorsqu’un ancien agent du FBI, passionné de culture olmèque, est retrouvé assassiné, l’existence des Thérianthropes est menacée d’être dévoilée. Kyren est chargé d’empêcher que cela arrive, alors même que son époux se retrouve responsable de l’enquête avec son équipier. De mensonges en révélations, entre confiance meurtrie et cœur blessé, ils devront répondre à cette question : leur couple est-il assez fort pour supporter la vérité ?


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Dans la catégorie

« EFFICACE ! »


 

La FORME

Quand le style est au service de l'intrigue, ça fait une lectrice vendue à l'auteure.


On sent le travail. On sent le respect pour son lectorat. Aurore Doignies ne s’inscrit pas dans cette école où l’auteure se fait son fantasme M/M et le partage avec les copines. Je me sens lectrice et non une fangirl embarquée dans un délire boy's love. Le problème avec les bons auteurs, c’est qu’ils ont des lecteurs exigeants.


J'ai déploré deux choses.

Premièrement : la longueur de certaines phrases.

De grands paragraphes constitués d'une unique phrase, et des redondances appesantissent la lecture. On attend le point, mais cette ponctuation ne vient qu’au bout de plusieurs lignes. La rareté de cette césure essouffle. L'autre


Deuxièmement : un emploi excessif de participes présents.

Leur trop grande présence nuit à la musicalité de certaines phrases. Et si cela apparait comme une faiblesse, c'est surtout en rapport avec la fréquence élevée de ce tic narratif. La répétition du schéma « participe présent au début + phrase inversée » m’a quelques fois donné l'impression d'un martèlement. Les paragraphes en deviennent presque mécaniques, et ça dessert la dynamique de la lecture.


Ex : Profitant de l’absence de son compagnon, il entreprit…/ Posant la valise sur le lit, il tira…/ Pris d’un doute, il les posa…/ S’accroupissant, il glissa…/ Ôtant la planche, il ouvrit…/ Chassant la déplaisante sensation, il déposa…/ Repoussant les documents, il serra…/Souriant d’un air rassurant, il se pencha…/ Inspirant profondément, il déposa l’article…/ Croisant les bras sur le torse de son amant, (il) le regarda… Etc.


Tout au long du récit, ce genre de propositions participiales a fini par alourdir le style. Malgré ces petits couacs, l’auteure n’a pas à rougir de sa narration. Ça s'avale, ça se dévore, on n’en fait pas une indigestion, on s’en délecte. Jusqu’à ce qu’on croque dans un grain de sable... Dans l’ensemble, ça ne gâche pas le plaisir de la lecture. Mais pour ma part, mon degré d’exigence fait que je ne peux m’empêcher de ressentir cette pointe de frustration. (Parce que j’héberge en moi cette perfectionniste qui s’échine à me pourrir la vie !)


Autre chipotage : l'e-book que j'ai lu avait des paragraphes non justifiés. Ce qui a un peu cassé l’homogénéité du bouquin. (Et étrangement, cela concernait des scènes « hot ». Que doit-on comprendre ?!) Pour ce défaut de mise en page, je jetterai la pierre au travail d'édition.

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LE FOND

Je fais partie de celles qui ont lu la première version, et malheureusement mon esprit n’a pas pu s’empêcher de comparer.


Dans la version précédente, j'avais apprécié la tension dramatique qui montait crescendo. Les choses n’allaient qu'en se corsant, et la surprise survenait d’une manière si inattendue qu’on évoluait dans une sorte d’incertitude captivante. Malheureusement, la nature des secrets n’avait plus vraiment de secrets pour moi, excepté l’intrigue policière. Conséquence : je n'ai pas été transcendée.


Mais on ne peut nier la qualité de l'intrigue globale.

La nature des secrets a des dialogues incisifs. Parfois les répliques sont cassantes, pointues, directes, percutantes. C'est indéniablement un des points forts de cet auteure. Elle sait donner vie à son texte. On a plaisir à tourner les pages.


D’autre part, Miss Doignies nous prouve qu’elle est une Dame du polar. En plus terre à terre : elle gère la fougère ! Le mariage du policier et de la fantasy urbaine est maitrisé.


J’ai particulièrement aimé est le charisme de certains personnages. Nikandr restera à jamais mon chouchou ! Cameron a été une tête à claques, mais cela donnait une bonne consistance à son couple avec Kyren. Couple dont l'équilibre a été mis à mal et qu’ils n’auront eu de cesse de rechercher et de réajuster tout au long du récit. Le tempérament de Kyren, très doux dans ce volet, met efficacement en relief la différence avec un Alpha. Mark, le coéquipier de Cameron, m’a fait sourire. Et le personnage Aniki m’a fait rire. Celui de Loukian, fidèle à lui-même, m’a fait soupirer d’exaspération. En fait, je n’ai pas été dépaysée. J’ai retrouvé mes marques avec la plupart des protagonistes du tome 1.

L’intrigue a été menée de manière très précise. Mais paradoxalement, je l’ai un peu ressenti comme un point fort et un point faible.


Point + :

L’auteur sait où elle va, ce qu’elle veut, et où elle nous emmène. Il est évident qu’une suite nous attend. Elle a distillé juste ce qu’il fallait pour nous donner envie d’y revenir. On n’en a pas vu assez sur Nikandr, sur Aniki, sur Loukian et Jacek. Et on sait qu’elle pourrait nous en raconter tellement plus qu’un roman.


Point – :

Il y avait un côté chirurgical à la chose. Personnellement, j’ai eu le sentiment que l’intrigue était disséquée avec une minutie et une trop grande prudence. Il m’a manqué une espèce de « folie », et je suis un peu restée sur ma faim. Surtout au niveau de l’intrigue romantique. Sans doute parce que mes exigences ne cessent de grimper plus l'auteur se bonifie...


Si j’ai trouvé cela savamment dosé, efficace, ça restait un brin linéaire. J’aurais aimé que l’auteur pousse les héros à bout. Qu’elle ne se montre pas « raisonnable » sur les retournements de situations. Il y a une belle succession d’actions, c’est indéniable. Mais j’aurais voulu une pointe de dramatisme, une accélération tragique. Il aurait fallu me donner l’illusion que tout était perdu. Que la relation atteignait réellement ce point de rupture. Même si, en tant que lectrice, je n’aurais pu m’empêcher de nourrir une flammèche d’espoir.


C’est là que revient le contraste avec la première version, car elle y était parvenue. L’auteur n’avait pas « craint » d’en faire « trop » au moment de l’acmé entre Cam et Kyren, après la révélation de lourds secrets. J’aurais souhaité que dans la version éditée, elle me les foute vraiment dans une impasse ou les largue au milieu d'un sacré bazar, et les laisse ensuite se dépatouiller pour rectifier le tir.


Je l'avoue, j’aurais voulu que Cam ne se comporte pas seulement en imbécile fini, mais en vrai salaud. Son investissement pour espérer obtenir le pardon m’aurait sans doute plus touchée, s'il avait été pis qu'odieux. Je me suis retrouvée dans une situation où je n’ai pas pu me montrer si compatissante que cela, vu la manière dont le « problème » s’est réglé. Ce n'est que mon point de vue ; Cam n’en a pas « bavé » assez pour regagner Kyren. Quant à ce dernier, il m’aurait fallu un degré d’anéantissement plus… comment dire… Oidche m’a habituée à plus de sadisme, voilà ! Je voulais qu’elle te me les fasse un peu beaucoup souffrir, ces chéris !!!! Je m'attendais à ressentir un concentré de désespoir pur des deux côtés, mais je l'ai trouvé un poil "dilué". J'espérais du corsé, j'ai eu du rosé.

Je suppose que la sadique en moi s’est probablement montrée trop avide. (-_-)"


BILAN

Le roman est un moment de plaisir. Cependant, l’on ressent des pointes de frustration qui n'ont heureusement jamais l’amertume de la déception. On s’immerge aisément dans l’histoire, et on ne peut qu’espérer que l’auteur se surpasse au tome trois. Parce qu’on sait qu’elle le peut.


Edit : Elle l'a fait ! Le tome III est une tuerie !!

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